Le retour du Grand Jeu
En revendiquant sa mainmise sur le Canada, le Groenland, le canal de Panama et désormais la bande de Gaza, ce champ de ruines qu’il veut vider de sa population a contrario de toutes les règles internationales, Donald TRUMP éclaire de façon obscène la lutte d’influence que se livrent désormais les néo-Empires pour contrôler l’Eurasie, la zone Indo-Pacifique, l’Afrique et l’Amérique latine. Que ce soit l’aigle américain, qui fait claquer de nouveau fort ses ailes, l’ours russe, qui attend d’annexer toute l’Ukraine après la Crimée, le Donbass et un quart de la Géorgie, le dragon chinois, qui a privatisé la mer de Chine méridionale et espère récupérer Taïwan tout en satellisant un peu plus la Birmanie, le Laos, le Népal…, rejouant « la sphère co-prospérité » que le Japon impérial avait prétendue vouloir mettre en place par les armes, en 194O, tous se préparent à un nouveau Yalta qui les verra découper le globe en zones d’influences. Le droit des peuples à disposer librement d’eux-mêmes n’est plus un principe acquis, même s’il a été rarement respecté. Prise entre l’aigle et l’ours, sous la menace indirecte des néo-pouvoirs ottoman et perse, sans parler d’états pétroliers toujours susceptibles de réactiver le djihad des radicaux islamistes, l’Europe n’a plus d’autre choix, si elle ne veut pas être vassalisée, que de bâtir une défense et une diplomatie communes suffisamment puissantes pour tenir ces prédateurs à distance. Mais la présence en son sein, au plus haut niveau, de soutiens de l’aigle, de l’ours et même du dragon fait craindre un manque de cohésion. Ce nouveau « grand jeu » risque de se faire à notre détriment. Entrés dans une période d’avant-guerre, nous ne pouvons rester à l’état de spectateurs passifs, sauf à finir en otage ou en supplétifs.
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