Affinités
LE BONHEUR DU CRAPAUD
0Dans ces neuf nouvelles italo-marocaines, Umberto PASTI évoque sa vie amoureuse, depuis l’enfance jusqu’à aujourd’hui. La singularité de ce recueil ne tient pas au sexe de ses partenaires, ou à la nature de leurs pratiques, mais à leur appartenance à d’autres espèces. Il effectue son initiation avec Carolina, une coronelle lascive qui s’endort après l’amour, lovée sous ses aisselles. Il s’épanouit avec Darling, une mante religieuse à qui il fait boire des dés de Lemoncello, puis connait une véritable symbiose avec un adorable ténia glouton. La découverte d’un iris « anglais » dans les contreforts du Rif lui fait retracer l’histoire du fameux bandit Raïssouni, l’agonie de la faune de Rohuna, sur le littoral atlantique marocain, les ravages exercés par le mauvais développement. Ecrit avec une grâce, un humour, et un charme irrésistibles, merveilleusement illustré par Pierre LE-TAN, Le Bonheur du crapaud (Flammarion) fait penser à Vladimir Nabokov, Jean-Henri Fabre et Lewis Caroll à la fois.
CLAUDE ARNAUD RECOMMANDE…
0Claude ARNAUD recommande la lecture du livre d’entretiens qu’Olivier ASSAYAS vient d’accorder à Jean-Michel FRODON. Intitulé Assayas par Assayas (Ed. Stock, 358 p, 24 €), l’ouvrage est un document passionnant qui éclaire, de l’intérieur, les innombrables problèmes matériels, humains et artistiques qu’un metteur en scène doit affronter, avant même d’envisager de tourner un plan. Il s’impose aussi comme un témoignage unique sur une génération, celle de l’après 68, l’époque qui s’ouvrit avec les années 80 et qui s’achève sous nos yeux, et une famille (non seulement la biologique, passionnante en l’occurrence, mais aussi la culturelle). Pour trouver ce livre…
LE MEILLEUR ROMAN DE LA RENTREE…
0Saluant, dans le Point du 28 août, n°2189, Terminus radieux (Le Seuil, 624 p. 22 €) qu’il tient pour le meilleur roman de cette rentrée littéraire 2014, CLAUDE ARNAUD écrit au sujet de son auteur, Le chamane Volodine: « Les vrais écrivains font parfois figures de monstres. Leurs livres étranges semblent des défis arrogants aux fictions molles et aux documents romancés qui prolifèrent. Antoine VOLODINE fait partie de ces résistants qui préfèrent parier sur notre intelligence littéraire plutôt que de nous taper dans le dos à chaque phrase. Un pur et un voyant.
Nous sommes dans les confins sibériens, parmi les décombres, des décennies après notre ère. La seconde Union soviétique dont rêve Poutine a eu le temps à son tour de s’écrouler, après des accidents nucléaires en cascade; les survivants errent en quête d’abri croisent un train en panne chargé de soldats désoeuvrés (…)
A l’image du train qui mène soldats et rescapés vers les camps « salvateurs », l’intrigue de VOLODINE s’arrête parfois au milieu de nulle part pour accueillir de nouveaux zeks. Il faut donc posséder du souffle et de l’ironie pour jouir pleinement de son univers, sans parler de ce fatalisme russe qu’il exploite à merveille; mais quelle jubilation, alors! Touillant les herbes les plus noires dans son chaudron, ce Français russophone s’avère un redoutable chamane« .
Pour lire cet article in extenso…
Le 4 novembre 2014, Antoine VOLODINE a reçu le prix MEDICIS pour ce Terminus radieux, par huit voix contre une à Laurent MAUVIGNIER (Autour du monde), et ce dès le 1er tour du scrutin.
CLAUDE ARNAUD RECOMMANDE…
0Saisie poétique du séisme qui a ravagé Port-au-Prince, il y a tout juste 4 ans, « L’Ange de charbon« , que les éditions Zulma publient ce 1° mars 2014, témoigne avec éclat de la ferveur des mythes dont Haïti continue de se nourrir, qu’ils remontent aux récits bibliques ou émanent du panthéon vaudou. D’une vrai richesse « prophétique », il fait entendre la voix étrange et singulière de Dominique BATRAVILLE, écrivain et acteur haïtien, découvert ici dans Royal Bonbon, le long-métrage de Charles NAJMAN (Prix Jean Vigo 2002), tout en donnant les clefs romanesques de l’imaginaire d’une île qui, par-delà son calvaire, reste une des zones les plus fécondes de la Caraïbe, sinon sa plus grande puissance culturelle avec Cuba.
BERNARD MINORET n’est plus…
0Il est difficile d’évoquer, dans un espace aussi étroit que ce blog, une personnalité aussi forte et singulière, avec qui l’on a vécu, écrit, et dont on s’est inspiré pour composer un livre où il paraissait sous son nom, et avec tous ses attributs, Brèves saisons au paradis ( Grasset, 2012). Mieux vaut laisser trois autres écrivains, qui aimèrent et admirèrent Bernard MINORET, lui rendre hommage Cécile GUILBERT, dans les pages du Monde du 19/07/2013, Benoit DUTEURTRE dans celles du Figaro du 10/07, enfin Marc LAMBRON, qui rédigea ce discours à l’occasion de la remise d’une décoration qui ne put avoir lieu avant sa mort…
(B. Minoret par Willy Maywald)
Ceux qui l’ont connus, croisés, ou regrettent de n’avoir pu le faire pourront se reporter à l’hommage rendu par l’auteur de ce blog, aux côtés de Jacques FIESCHI et de Fabrice LUCHINI, en l’église St Roch de Paris, le 12 juillet 2013…
A découvrir aussi, l’article publié pour l’occasion par CONNAISSANCE DES ARTS…
On relira aussi avec profit le texte décisif que Bernard MINORET inspira, à travers les pastiches qu’il écrivit avec Philippe JULLIAN, Les Morot-Chandonneur, à Marc LAMBRON, in Carnet de bal (3), ed. Grasset, 2011.
Pour trouver La Fuite en Chine, la pièce qu’il écrivit avec Danièle VEZOLLES et que Roland BARTHES préfaça…
A l’été 2014, un important fonds comportant 25 cartons de manuscrits, correspondances, photos, documents divers, a été dépose à l’IMEC par son ayant-droit. Il est en cours de traitement.
HOMMAGE A JACK-ALAIN LEGER
0Ce 17 Juillet 2013, JACK-ALAIN LEGER s’est donné la mort, après plusieurs tentatives manquées, en sautant du 8° étage de son immeuble parisien. Maniaco-dépressif, il peinait depuis des années à achever un livre, et n’avait plus que des rapports compliqués, sinon impossibles, avec le monde extérieur, le milieu littéraire et, parfois, ses meilleurs soutiens eux-mêmes. C’est un véritable écrivain qui vient de mourir, fait pour produire des livres bien plus grands que lui-même, portés par une énergie démiurgique et une sincérité terrible, dévastatrice et allègre. Un styliste qui possédait sa langue et en faisait valoir chaque nuance, de l’exquis au brutal et de l’ordurier au lyrique, mais aussi, c’est plus rare ici, un authentique romancier apte à jouer des vertiges cumulés du vrai et du faux. S’il ne fallait désigner que trois titres, parmi l’oeuvre qu’il laisse, ce seraient : Autoportrait au loup (Flammarion, 1982), Jacob Jacobi (Julliard, 1993) et Ali le magnifique (sous le pseudonyme de Paul Smaïl, Dénoël 2001, J’ai Lu 2003). Ils donnent tous trois une idée physique de l’énergie colossale qui émane d’une oeuvre menée avec une superbe qu’on pourrait aussi bien qualifier de seigneuriale, de subversive ou de suicidaire, chaque phrase ou presque dansant la gigue.
Pour lire l’article, jamais publié, que Claude ARNAUD consacra à Ali le Magnifique, alors encore attribué à Paul Smaïl… (photo: dr)
SUR BARBEY d’AUREVILLY…
0Le Point, dans son numéro daté du 6 juin 2013, a publié un article de CLAUDE ARNAUD sur la réédition, dans la collection Quarto, chez Gallimard, de certains des meilleurs romans de Jules BARBEY d’AUREVILLY, dont La Vieille Maîtresse, bijou vénéneux qu’adapta au cinéma Catherine BREILHAT: « Pour qui connaît encore son nom, Barbey d’Aurevilly (1808-1889) évoque un dandy moustachu et bagué qui célébra le trône et l’autel avec un sens aigu de la provocation. L’image n’est pas sans fondement, ni ridicule – Barbey a des airs de Dali du XIX°. Mais l’écrivain a bien plus d’envergure et de santé que sa caricature, la réédition de ses romans le montre. Plus de poses ici, mais une débauche de vie… »
Pour lire cet article en ligne…
Ou dans sa version papier
CLAUDE ARNAUD RECOMMANDE…
0CLAUDE ARNAUD recommande les remarquables critiques, qu’elles concernent le rock (Brian WILSON et les Beach Boys, U2, Joy Division) ou la littérature ( CHATEAUBRIAND, Julien GREEN) que Michka ASSAYAS publia dans les années 80, 90 puis 2000 dans Les Inrocks Libération et Vsd, aujourd’hui réunis dans un volume, In a Lonely place par les éditions Le Mot et le Reste. L’auteur de l’indépassé Dictionnaire du rock ( Bouquins) y rejoint le romancier d’Exhibition (2004, Folio) pour décrire, avec autant d’acuité que de drôlerie, la scène culturelle de cette double décennie, la disparition de l’underground et l’invasion de la marchandise sonore et imprimée.
CLAUDE ARNAUD RECOMMANDE…
2CLAUDE ARNAUD recommande la lecture de:
« Un renoncement », par René de CECCATY ( Flammarion), obsédante enquête biographique sur l’étrange (anti)existence de Greta GARBO, après le tournage de ses derniers films, le « trou noir » où elle s’est enfouie, quarante ans durant.
« Mes scènes primitives », de Noël HERPE, aux éditions l’Arbalète/Gallimard, suite de son « Journal en ruine » publié voici deux ans – remarquables exercices d’aveux littéraires, émouvants et auto-ironiques. CF. l’article publié par Claude Arnaud dans Le Point, in son numéro 2111, daté du 28 février 2013: « Le héros de ce livre n’a pas d’orientation érotique claire. Il est attiré par les femmes maternelles, mais ne les désire pas. Il aime revêtir les justaucorps noirs de sa mère, tôt partie avec un homme, mais il ne sait que faire alors de lui-même. Ignorant tout des plaisirs qu’implore en secret son corps, il se débat dans son être comme le bombyx dans son cocon. Le sexe terrorise cet éternel garçon ; tout contact corporel pourrait le réduire en poussière. » POUR LIRE CET ARTICLE IN EXTENSO…
CLAUDE ARNAUD RECOMMANDE…
0Claude ARNAUD recommande la lecture des remarquables LEÇONS DE NU de Walter SITI, écrivain italien et éditeur de Pier Paolo PASOLINI, paru aux éditions VERDIER.
Pour lire l’article qu’il a consacré à ce livre dans LE POINT du 30 août 2012…
et aller sur le site des éditions Verdier…
Walter SITI a signé son litre à la librairie Les mots à la bouche, 6, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, Paris 75004, le mercredi 17 octobre 2012. Il s’est entretenu avec Martin RUEFF, son éditeur, le jeudi 18 à l’Institut culturel italien, 73 rue de GRENELLE, 75007 Paris.
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