Ni Dieu, ni Cesar, ni tribun…
Le combat frontal engagé depuis 15 ans par les nouveaux empereurs contre la si fragile liberté prend une tournure un peu moins défavorable. L’enlisement pathétique des troupes de Poutine en Ukraine, la révolte qui gronde dans les villes chinoises contre un Parti tyrannique, dont le Covid s’avère le meilleur allié pour saisir les citoyens chez eux et les trainer dans des centres d’isolement, la rage qui s’est emparé de milliers d’Iraniennes contre des mollahs capables de tuer pour un voile porté incorrectement – joie de voir les gifles faire voler par dizaines les turbans ! – le rapide déclin économique qui menace le trône du nouveau sultan ottoman sans oublier, toute proportion gardée, le relatif échec électoral de Trump, laissent entrevoir un retournement du vent qui soufflait en faveur de l’autocratie. Ces régimes qui se disent communistes, nationalistes, ou se réclament tout simplement de Dieu, mais qui se contentent de diviniser leur pouvoir et d’appeler leurs autres au sacrifice, découvrent soudain qu’ils pourraient ne pas être éternels.
Poutine, qui qualifiait déjà de « blasphème » le refus de l’Angleterre de l’inviter aux obsèques de la reine Elisabeth II, en est à s’assimiler au Créateur devant les supposées mères de soldats russes (« Chaque année 30.000 de nos enfants meurent d’alcoolisme ou d’accidents de la route, mieux vaut qu’ils meurent en héros, leur vie aura eu un sens, comment savoir de toutes façons comment l’on finira, c’est Dieu qui décide « …) Comme les mafieux de Sicile sont les premiers à financer les processions religieuses en faveur de San Gennaro, il est le premier à invoquer le Dieu d’un des clergés orthodoxes les plus corrompus du monde. Xi Jiping aura combattu à l’inverse la corruption qui gangrenait son parti que pour mieux museler un milliard cinq cents millions de Chinois et les réduire à l’état de figurants de sa grandeur.
Partout, derrière le masque de la Foi et du Patriotisme, pointe le visage affreux du Pouvoir pour le pouvoir et de son ressort profond, le nihilisme de cléricaux et d’apparatchiks rétrogrades, hostiles à la liberté, à l’initiative individuelle et au plaisir des simples citoyens. Que ces théocrates se sacrifient à leur tour, et le plus vite possible, c’est tout ce qu’on leur demande.
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