Nous entrons « insensiblement » dans une ère où le massacre d’innocents, ciblés pour leur appartenance à un peuple, une foi ou un mode de vie, pour leurs opinions, leur nationalité ou leur sexualité, devient presque routinier. Hier, en plein Paris, la minorité kurde, vivant pacifiquement autour du faubourg Saint-Denis au milieu d’autres minorités, dont de nombreux Turcs, a été prise pour cible – trois morts et autant de blessés graves, dont le chanteur Mir Perwer, visés par  un retraité aux motivations clairement xénophobes « Je n’aime pas les Kurdes », a-t-il juste déclaré aux policier. Chaque jour, des civils sont abattus ou pendus en Iran pour avoir oser défier la dictature cléricale des mollahs. En Ukraine encore, les morts s’empilent, et tout laisse craindre une « éternisation » du conflit. Le New York Times vient de mettre en ligne un reportage documentant, avec un nombre accablant de preuves, les massacres effectuées par le 234° régiment de parachutistes russe à Boutcha, dans la banlieue de Kiev, durant l’offensive du printemps, avant leur retraite précipitée (photo : la main d’Olga, tuée dans la rue Jablonska). S’appuyant sur des centaines de photos et de vidéos prises par des témoins cachés et les relevés d’appels passés par les soldats russes sur les portables de leurs victimes, cette enquête est un modèle de précision. Espérons qu’elle aidera à poursuivre, le jour où la dictature russe tombera, les responsables et les acteurs de cette boucherie, dont le lieutenant-colonel Artyom Gorodilov : tous ont été décorés par Poutine quelque semaines après les faits.